Modèle

 

J’utilise un management participatif
dans toutes les prises de décisions

Du haut de ces 23 années de parcours comme Directeur Général de DHL dans une dizaine de pays africains, Celui qui est depuis 2013, Directeur Général de DHL Cameroun, est un diplômé de la première heure de l’ESSEC de Douala. Dès sa sortie de l’Ecole, il embrasse une carrière professionnelle qui va le conduire dans plusieurs entreprises au Cameroun, notamment au département commercial de Camgaz et
par la suite, comme chef produit et responsable des boissons gazeuses à la Société
Anonyme des Brasseries du Cameroun. Ousmanou KOUOTOU intègre DHL Cameroun en 1987 comme attaché commercial à Yaoundé. Il va très vite évoluer comme Directeur Commercial avant d’occuper le poste de Directeur Général au Niger. Un poste qui lui colle à la peau deux décennies plus tard. Avant son retour au Cameroun, il va diriger les représentations DHL Niger, Congo Brazzaville, Togo, Congo Kinshasa, mali, guinée Conakry, Sénégal et Burkina Faso. Il est le prototype de manager atypique aux standards et méthodes internationaux. Nous avons choisi de mettre en lumière son parcours, ces réussites et
ces challenges dans la rubrique Modèle de votre magazine afin d’inspirer une génération de manager.
Afrique Mutations : Pouvez-vous nous retracer les grandes lignes de votre cursus académique et professionnel ? Ousmanou K : Je suis diplômé de l’ESSEC. Je fais partie de la première cuvée de cette école. A ma sortie de l’école, j’ai été recruté par Camgaz, l’entreprise ou je venais d’effectuer mon stage académique et là-bas j’ai eu pour mission de réorganiser les circuits de distribution du gaz au Cameroun. Cette mission terminée, j’ai rejoins les
brasseries du Cameroun en tant que chef de produits boissons gazeuses. J’ai été marqué par l’expérience du lancement de Top pamplemousse que je considère comme mon bébé et aussi par l’expérience très enrichissante avec la maison Coca Cola. En tant que responsable des boissons gazeuses, j’ai eu l’avantage d’être en contact avec ces partenaires et à apprendre de
leur méthode. Revenons-en à DHL, j’y ai fais l’ensemble de ma carrière managériale, j’y suis entré en 1987. J’ai successivement occupé les postes de Directeur Commercial du Cameroun et du Congo, puis je suis devenue DG ; tout d’abord au Niger, au Burkina Faso, au Togo, en guinée Conakry, au Mali et directeur

   régional basé au Sénégal ou j’étais en même temps DG du Sénégal et je couvrais aussi la Guinée Bissau, le Cap Vert et la Gambie. Je suis ensuite revenue en Afrique centrale ou j’étais DG des 2 Congo avant d’avoir la chance de revenir au Cameroun occupé le poste dès 2013.
Vous occupez le poste de DG depuis 23 ans déjà chez DHL et dans une dizaine de pays
Africains, quels sont les points marquants de ce parcours et les plus grands challenges ?
Parlant des principaux challenges dans chaque pays, j’avais une mission à remplir et cette mission dépendait du niveau dans lequel je trouvais l’entité. Il pouvait s’agir de stabiliser ces entreprises, les développer vers de nouveaux métiers ou de restructurer en cas de difficultés. Un autre challenge, c’est le changement constant d’environnement. Il fallait à chaque fois se faire accepter, s’adapter et se faire accompagner puisque le DG fait faire. Il élabore la stratégie, il mobilise les ressources vers l’atteinte des résultats. C’est comme un coach qui doit compter sur ces joueurs pour atteindre les objectifs qu’on lui a fixé. Chaque mission a eu sa part de challenge et je suis globalement satisfait d’avoir mené à bien les missions à moi confiées par la hiérarchie. Il est aussi à noter qu’il fallait faire face à une situation de conflits dans certains pays la RDC. Le pays sortait à peine de la guerre et les infrastructures nécessaires à notre activité étaient insuffisantes. Nous avons pu restructurer cette filiale malgré les difficultés. Le fait de passer du poste de Directeur Commercial à celui de DG au Niger était aussi un gros challenge. Il fallait quitter d’un poste de responsabilité fonctionnelle
à un poste de responsabilité managériale. Il était question d’avoir dès lors une vue de
toutes les activités de l’entreprise.
Quelle est la recette managériale que vous avez utilisée pour réussir un tel parcours ? En dehors des recettes managériales enseignées dans les grandes écoles de commerce, en dehors de la capacité de m’adapter à des environnements différents, il y a un élément important mais malheureusement très négligé, c’est l’éthique. Une multinationale comme la nôtre est très regardante sur les valeurs éthiques. C’est ce
qui m’a aidé à remplir mes missions. Ceci se traduit d’abord par mon indépendance
qui consiste à prendre les décisions qui s’imposent sans parti pris. Quand vous êtes compromis, forcément vous perdez votre indépendance vis-à-vis des complices de vos malversations. Quand vous avez une relation coupable avec une collaboratrice cela
diminue vos prises de décisions et peut créer des sentiments d’injustice. . L’injustice est un élément démobilisateur dans une équipe. Il faut être capable d’édicter les règles et de les faire respecter par tous. Il est important d’avoir le sens de l’équité. Il y a également la relation avec
l’argent. Il faut être capable de résister à la tentation de se compromettre par l’argent.
Souvent vous voyez une entreprise qui va mal mais personne n’arrive à solutionner parce que les décideurs sont compromis. Ils ne sont pas indépendants. Je prône également les valeurs d’humilité, ce n’est pas parce que vous êtes DG que vous savez tout et si vous n’arrivez pas à mobiliser les ressources, vous passez à côté de la plaque.
Vous revenez au Cameroun en
2013 pour le poste DG de DHL local, racontez-nous les circonstances de votre retour ?
D’abord, il y a eu une vacance de poste au Cameroun et mes superviseurs m’ont fortement encouragé à postuler à ma grande surprise. Ceci parce qu’il y avait une règle non écrite qui disait qu’on ne peut pas être Directeur Général dans son propre pays. L’entreprise a évolué entretemps et c’est désormais possible. J’ai postulé, J’ai passé des entretiens et au bout de la sélection, j’ai été désigné comme DG de DHL Cameroun. Quels ont été vos principaux
challenges au départ ?
C’était une entreprise qui se portait bien. Cependant il y avait des challenges à plusieurs niveaux. A mon niveau personnel Il fallait que je réapprenne le Cameroun après 25 ans passés à l’extérieur. Il fallait se faire accepter, obtenir l’adhésion de l’équipe. Au niveau de l’entreprise, l’avantage d’avoir fait plusieurs pays m’a permis de comprendre que DHL Cameroun ne respectait pas les standards mondiaux à plusieurs niveaux. On faisait des choses de manière différente. L’un des challenges était de faire appliquer les standards internationaux de l’entreprise sur le plan local. Quelle est la particularité du Cameroun ? Le Cameroun a un secteur économique très diversifié. Il y a plusieurs secteurs d’activités porteurs contrairement à ce que j’ai vu ailleurs. Il y a les particularités de notre administration, nos comportements. Il faut gérer des lots de surprises au quotidien mais c’est aussi ça qui fait la beauté du Cameroun. Quand on a managé au Cameroun, je crois qu’on peut facilement réussir ailleurs. Je suis très heureux de revenir au
Cameroun après avoir fait tous ses pays parce que je crois que ça aurait été très difficile de commencer ici.
C o m m e n t s e p o r t e D H L Cameroun aujourd’hui ?